La plume dans l'oeil

des mots et des images pour habiller la rage

MONSIEUR LALOUZE EN A PLEIN LES URNES

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Monsieur Lalouze écoute la radio et, comme à chaque élection,  est émerveillé par le fait que tous les candidats s’annoncent satisfaits, y compris ceux qui se sont pris une grande claque. La France est un pays bien particulier où les perdants sont en fait des gagnants qui n’ont pas eu de chance. Mais depuis hier, l’heure est grave : une petite ville du nord a élu un maire Front National. Peu importe le reste. Les commentateurs ont décidé de nous vendre de la peur au kilomètre. C’est porteur et cela fait de l’audience.

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La France a peur. Peur du noir. Peur du reste du monde. Peur de son ombre, un peu à la manière d’une vieille fille craintive rentrant chez elle un peu tard par des rues désertes. Le charme discret du « sentiment d’insécurité »… Monsieur Lalouze se souvient d’un slogan de mai 68 qui demandait « l’imagination au pouvoir ». Quarante cinq ans plus tard, l’imagination n’est toujours pas au pouvoir. On se demande même où elle est passée, cette pauvre imagination, tant les commentaires sont pauvres.

DSCF1102Le parti au pouvoir se prend un beau gadin. C’est un classique. Ici, on vote pour des candidats que l’on conchie pendant la durée de leur mandat. Cela doit être une des nombreuses facettes de la fameuse exception culturelle française, ce machin un peu fumeux qu’on nous balance régulièrement comme un vieil os afin de justifier des positions pas toujours très nettes. Les intellectuels engagés (ils n’existent que chez nous et font hurler de rire nos voisins) ne devraient pas tarder à monter au créneau pour nous expliquer d’un air grave, chemise impeccablement blanche et largement ouverte sur un torse de penseur, que le fascisme est à nos portes. Nos belles élites germanopratines découvrent l’existence d’un pays rustique, situé au delà de Paris et de Roissy, qui ne connaît ni le Café de Flore, ni les Deux Magots. Un pays où les plans sociaux jettent des familles entières dans la précarité, un pays qui n’a pas oublié qu’il n’y a moins d’un an, le ministre du Budget a menti de façon éhontée pour cacher l’argent qu’il avait soigneusement évité de déclarer au fisc. Les autres n’étant pas non plus totalement exempts de turpitudes…. Pays fatigué qui s’efforce de recoller tant bien que mal à une mondialisation qu’il n’a pas vu venir, à une globalisation qui lui fait horreur car cela revient à admettre que nous ne sommes qu’une nation parmi d’autres et que , sans nos sous-marins d’attaque et notre lobby nucléaire, civil ou militaire, nous ne serions pas grand chose. Deux siècles et demi auparavant, la France s’est lancée : Siècle des Lumières, Révolution et tout le toutim… Depuis la poussière est retombée sur les étagères et les Français avancent le regard fixé sur ce prestigieux passé, ce qui, convenons en,  n’est pas la meilleure façon de voir venir les choses…

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Le syndrome du village gaulois marche à fond. 2014 après J.C : Toute la planète est chamboulée.  Seul un petit pays peuplé d’irréductibles râleurs résiste encore. Hélas, ses hommes politiques ont perdu la formule de la potion magique et leurs slogans n’abusent plus personne. « tête haute et mains propres » (mais les deux pieds dans la merde), « le changement c’est maintenant » ( et demain on rase gratis )…. Et l’imagination dans tout cela ?

Monsieur Lalouze se dit que pendant la semaine qui vient, il va devoir déguster l’infâme brouet des experts politologues qui vont dévider leurs statistiques et leurs analyses creuses. Rien d’autre n’existera. Il faudra aller voter pour faire un barrage contre l’extrême-droite. Et basta. C’est un peu léger comme programme mais tellement simple à faire avaler. Un autre slogan de mai 68 remonte à la surface : « Elections, pièges à cons « …… Et Monsieur Lalouze se pose la question du jour :  L’imagination au pouvoir,c’est pour quand ?

Auteur : Riccardo

Quand j'avais quinze ans c'était "peace and love". Quand j'avais vingt ans on gueulait "no future". Maintenant que j'ai passé le cap du demi-siècle cela m'ennuie un peu de constater que nous fonçons droit dans le mur... Après "no future" c'est quoi ?

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